Le Rétro Méridional s'appelle L.
1) Les circonstances...
Fraîchement exilé de sa cité phocéenne natale, le pauvre L., grand type sportif et soigné, ne connaît personne dans ses froides contrées d'accueil et traîne son accent pagnolien de bars en bibliothèques universitaires à la recherche d'un embryon de vie sociale. N'écoutant que mon humanisme (hum), je lui propose une oreille et un café.
2) Sa technique d'amorce...
Thésard en chimie, le dénommé L. offre un curieux syncrétisme : il a le sérieux et la rigueur propre-sur-elle du scientifique et l'élégance clinquante d'une cagole au masculin.
Après quelques cafés (qu'il insiste lourdement pour payer), il m'invite à dîner dans son mini-studio-de-thésard-sans-subvention. L'hétéroclite de l'individu m'intriguant, j'accepte (oui, mon humanisme flirte parfois avec l'insouciance).
3) Les étapes de la drague
A mon arrivée, L. se précipite pour m'aider à retirer ma veste. Son studio, au demeurant miteux, a été briqué de fond en comble et il a allumé des bougies. D'abord attendrie par sa touchante maladresse d'étudiant et ses attentions désuètes, je constate rapidement que son prétendu romantisme est un machisme m'as-tu-vu (il a cassé sa tirelire pour acheter du vin hors de prix mais il n'a que des verres en pyrex) et que sa maniaquerie ménagère frôle dangereusement la monomanie (il range mes chaussures dans un meuble à chaussures, ma veste dans le placard à vestes et ses boîtes de conserves sont alignées au cordeau).
Son accent ensoleillé et son dîner provençal ne parviennent pas à me mettre à l'aise. Il passe son temps à ramasser des miettes et pousse le paternalisme jusqu'à me faire un sermon sur la cigarette. Grave erreur. Je ne le reverrai pas (quand il aura trouvé un vaccin contre le cancer, on avisera).
4) Note d'efficience : 3/10