Le Dadais Tête d'ampoule s'appelle R.
1) Les circonstances...
En femme désespérée moderne que je suis, il m'est arrivé de m'inscrire sur un site de rencontres. Par curiosité bien légitime uniquement (oui, bon, hein). J'y ai rencontré R., en tous points parfait – drôle, discrètement ironique, spirituel, cultivé, pudique et respectueux. Louche.
Après un bon mois d'échanges virtuels à rivaliser d'érudition et d'humour (si,si), nous nous rencontrons enfin dans une brasserie quelconque.
2) Sa technique d'amorce...
Alors que sa première approche virtuelle s'était révélée agréablement piquante et insolite, l'amorce réelle a consisté en un incompréhensible bégaiement assorti d'une bise maladroite et embarrassée. Allons bon. Je note également avec une certaine déception (honte à ma bassesse) que le bellâtre en noir et blanc s'est mué en grand rouquin emprunté pas forcément gâté. Allons bon bis.
3) Les étapes de la traque...
Il faut bien cinq minutes au dénommé R. pour réussir à décrocher un mot et à me regarder dans les yeux. Il tapote nerveusement des doigts sur la table, tournote sa bière, se dérobe et transpire. Le pauvre semble au bord de la fuite ou de la spasmophilie. Toutes mes ressources de joviale sociabilité et de bienveillante douceur y passent pour le décoincer et le mettre à l'aise. En vain. Je parle toute seule.
La conversation se dégèle peu à peu. Jeune médecin brillant, R. m'éblouit par la richesse de sa culture. Malingre pataud rouquin, il me désespère par sa déconcertante gêne qui n'en finit plus. Les minutes passent, j'ai l'impression d'être sa mère - niveau zéro du flirt. Je n'ose pas même croiser les jambes de peur de l'effaroucher de trop de féminine impudence. Malgré sa grande richesse intérieure, je ne le reverrai pas. Pas mon truc de jouer les initiatrices...
4) Note d'efficience : 2/10