L'Exotique Potiche s'appelle Z.
1) Les circonstances
Dans une pittoresque petite ville d'Andalousie où je finis mon semestre. Certes, à la base, c'est moi l'Exotique Potiche. Mais passons, on est tous l'Exotique d'un autre. A la bibliothèque de la fac, Z. , cils veloutés et P.C. en bandoulière, s'installe régulièrement à la même table que moi pour « travailler ».
2) Sa technique d'amorce
Au bout d'un mois à studieusement « travailler » l'un en face de l'autre, l'exotique Z. me lâche, serein et détaché au-dessus de l'écran de son P.C., qu'il préfère venir travailler à la B.U. des sciences humaines, parce qu'en sciences, elles sont quand même moins bonnes. Je lui fais répéter une demi-douzaine de fois (l'accent andalou, c'est quand même quelque chose) et je ne retiens qu'un mot : guapa. Ça doit être gentil ce qu'il me dit après tout. De toute façon, je suis pas trop sure d'avoir compris, je hoche niaisement.
3) Les étapes de la drague
Jouant à fond la surannée carte de l'exotisme, Z. me fait miroiter un chatoiement de festivités locales : tapas, guitarra, playa, vino, tortilla a su casa. Jusque là, je suis la démarche, mon vocabulaire à disposition restant favorablement cantonné aux matérialités pratiques. Mais je refuse virginalement, mon coeur est pris, bel andalou. Je capte un mot sur dix ; je ne peux toutefois me défendre d'un idiot mouvement d'attraction femelle : cet accent tout en roulement rauques et susurrements jaillissant au bord des dents est tout de même affriolant en diable.
Je coupe court et la poire en deux : je verrai Z. à la plage avec quelques unes de mes amies espagnoles. Et pis comme ça, j'aurai un avis extérieur. A l'issue de la (chaste) entrevue collective, le constat tombe, amer et définitif : c'est un con fini. Mon prince ibérique s'avère arrogant, infatué et intellectuellement fade. Tombée dans le panneau de l'accent. Je ne le reverrai pas. Et moi qui m'en foutais de rien comprendre.
4) Note d'efficience : 6/10.